Un demi-soleil
Un plein ciel
Un quart de nuée blanche
Un tiers de verdure
Un sixième de silence de source
Un plein sac de billes œil de chat titillées par le merle en habit d’apparat
Le repos bien mérité du chat
Un demi-soleil
Un plein ciel
Un quart de nuée blanche
Un tiers de verdure
Un sixième de silence de source
Un plein sac de billes œil de chat titillées par le merle en habit d’apparat
Le repos bien mérité du chat
Un nuage imite la forme d’une
demi-lune posée sur la colline
Un instant les sommets deviennent
Le dos d’un mulet
Et puis tout disparaît
La mer observe un silence
Profond bleu
Tu observes qu’une ombre remonte de l’abîme
Tu vois l’aileron se transformer en vague la mâchoire en écume
Avant que tout ne revienne à sa place
Le chant de la fontaine engloutit celui de l’oiseau
L’arbre muet se repaît de reflets
Le monstre marin probablement un requin
Regagne cet océan où ton esprit est pieuvre ton corps hippocampe et le temps vague
Elle s’est installée en silence
parce que nous n’avons rien dit rien
entrepris
elle en a déduit que nous étions d’accord
et peu à peu avec une lente souplesse
elle a gagné sa place personne d’autre
n’occupe plus ce siège
une figure fantomatique une âme
partage sans mots dire nos
conversations nos lectures nos repas
Que fera-t-elle quand l’hiver viendra
quand certains perdront leurs feuilles
et leurs droits à la lumière et au soleil
restera-t-elle enlacée à sa place
confortera-t-elle ce qu’elle a gagné
sans autre combat que celui du désir
une volonté incrustée en elle comme
une émeraude elle se contente de ne
jamais répondre aux questions et
tolère parfois qu’entre ses bras
dorme le chat
Le gecko
Quelqu’un l’a déposé sur le pas de la porte
Dans un doux miaulement
Il est encore vivant
De ma paume vers la feuille je le guide
Il fait nuit il voit mieux que moi
Il ne veut pas il fait froid
L’endroit ne lui convient pas
Finalement il se décide pour une paroi
Où il aura la tête en bas
Il me regarde m’évanouir dans le halo de la lampe
Je pense à sa détermination à la beauté du système qui lui permet d’adhérer au monde
Si l’on regarde
De plus près l’une de ses soies
On s’aperçoit
Qu’elle ressemble à la brindille
Qui fuit le feu
À la fibre qui défie souplement le temps
Blanc noir sont côte à côte forment un duvet
Semblable au vêtement brumeux de la lune
À la fibre qui se défait du mot
Et dévie vers le vide
D’une appellation
L’écriture de soi qui englobe le cri et
Oublie tout le reste
Crin vibrisse pelage robe
S’opposent à poil peau pelure
Épiderme à chair charnue
Vaisseau à charrue
Le vent s’exprime d’une main tremblante
Un papillon
Il incise
Un grillon
Il pleure et s’évanouit
Un oiseau et un pétale
Il choisit de se taire
La mer
Le soleil
Coulisse sur l’une des branches
Qui a considérablement poussé
L’été passé
Comment répondre se demande le jeune arbre
Tu es un prunier le rassure
L’amandier
Aujourd’hui
On
Ne peut regarder
Que la mer
Elle semble s’absenter
Le temps de se défaire
D’une vague et surtout de son écume
Aujourd’hui pas un seul mot
Pour le vent
Pour le jardin
Pas une appellation pour le ciel
La mer murée dans la grisaille
Comme quelqu’un qui a perdu
Patience
Entre les tiges les branches
Les fleurs les feuilles
La lumière ondule
Une couleuvre
L’ombre miroite au gré
D’un souffle tellement plus
Léger que celui que nous
Envoie le soleil
le fond de sa gorge
le fond de son âme
un vitrail
des éclats
de mots qui ne passent pas
de blessures qui ne s’estompent pas
un puits un gouffre un abîme
une pensée qui compose avec l’infime
décompose l’infirme infini
au fond de lui au-delà
un cri acide empêche
toute coagulation de la conscience
La parcourt comme une rivière noire
Le long de la colonne vertébrale
Une voie aux ramifications que miroite par vagues fauves une prairie sauvage
Limitée seulement par le feulement d’un orage
La forêt élastique montre parfois les griffes
Nacre des roses
Dispersion de ronces et de fougères rousses
La forêt est de mousses on y a renversé la lumière comme un grand verre de lait
Elle nous écoute et comprend qu’il vaut mieux se taire et ronronner
Elle gère tellement mieux que nous la paix
Les mousses et les lichens ont abandonné leurs écritures sombres
ces lettres griffues et ces syllabes d’ombres ne deviendront jamais des mots à l’usage brutal des humains
pour se parer de verts et de bleus
identiques à la mer se mirant dans l’orage
Mais toi tous les jours de ton pas souple et noir doucement tu l’effleures
le rocher reste sur ton chemin
pourquoi le contourner
ton âme petite comme un pétale
reste blottie dans ton regard
même si elle se retourne vers le passé
Demain il n’y aura plus de flaque où regarder le ciel et ses nuages pour estomper la soif
Il s’est allongé
Dans cette flaque de poussières
S’est aperçu qu’il était aussi luisant
Que l’une d’elles
A posé son encolure dans l’ombre pour ensuite relever la tête
Et regarder le jour lentement couler
Sur sa croupe
Lorsqu’il s’est suffisamment senti
enduit de lumière
Il s’est levé est parti paisiblement