Prodigue toujours ta beauté sans compter ni parler. Tu te tais. Elle dit à ta place: je suis, puis en multiples sens retombe, tombe enfin sur chacun. Rainer Maria Rilke
L’oiseau couleur de galet aux reflets roses tente l’approche il a soif et tremper ses chants dans l’azur ne lui suffit plus pour apaiser ses désirs d’infini
Sur le rocher près de la source rampe la petite féline celle dont les miaulements tintent à peine celle dont le dos est pourvu d’un longue ligne noire et le corps parcouru d’ombres fauves celle dont la queue comporte cinq anneaux et un plumeau noirs celle qui à sa naissance a renversé sur ses pattes un pot de crème
L’oiseau préfère le ciel à l’eau La petite féline disparait dans les broussailles
La prochaine fois quelqu’un étanchera sa soif La prochaine fois quelqu’un répondra aux voix de son instinct
Le jardin correspond avec quelqu’un que personne ne regarde. Ce fantôme a besoin de peu de chose pour poser la voix qui fait frissonner par ses silences les feuilles lourdes de la torpeur.
Que comprendre des mots qui se retiennent de tomber là où poussent les humains mais se récoltent à foison dans les flaques dont la surface sert de miroir à tous les visages de la mer?
La pluie, petite poule blanc neige picore des graines invisibles. Parmi elles, il doit bien y avoir quelque perle, quelque promesse oubliée et quelques unes de mes larmes anciennes.
Jean-Jacques Audubon [Public domain], via Wikimedia Commons
La nuit venait de naître
quelques étoiles voulaient
se mirer dans la mer
le ciel violet volait
au dessus du jardin
quand brassant le silence
de ses grandes ailes
crémeuses une chouette effraie
me rappela que pour le mesurer
depuis bientôt quarante mille ans
le temps les hommes se servent
d’instruments qui permettent
parfois d’imiter avec une précision
qui arrache les larmes
un hululement.
Au dessus de la mer
le ciel est un mirage
la ligne imaginaire
qui les joint l’un à l’autre
est absente
tirée par un cil de lune
une vague et son écume
annoncent les nuages
une gorgée de vent
une gorgée de ciel
une gorgée de source d’entre les pierres
l’orage est en mer
mais qui s’en soucie ici
un cheval comme une nef
rapporte du large
une robe presque noire
déjà grise fouettée de lumière encerclée
d’ombres formant des o
Ce qui bouillonne je le comprends
c’est ce que personne ne peut voir
de prime abord
cet univers sous-jacent qui prend tant d’espace
sous la surface où accourent les larmes
se mélangent en un éclair
impressions et sentiments
se défont de leur fourreau de soie quelques
psychés
la nuit se rempli de chants
inouïs